
6ème jour à Fort de France
210517 – Sixième jour
[Jean Christophe Lanquetin]
Ce moment où, du fait de notre présence dans un quartier, tout fait indice, les silences, les résistances, comme les flots de parole… ce qui a lieu, ce qui n’a pas lieu, ce qui est déplacé, reporté, ou d’un coup s’improvise. Les empêchements, lorsque debout sur la place on vient me dire de déguerpir en me demandant ce que je fais là, on pense que tu nous espionne, lorsque le matin d’un rendez vous calé, les gens ont un contretemps, ou ne sont pas en état après une nuit longue – je dis : appelle moi quand quelque chose se passe. Lorsque marchant, on pense, on regarde et on fait des connexions. Lorsque les sons de la rue parlent, qu’un moment s’improvise devant un stand un dimanche matin. Le trop dit, le pas dit, les silences, les impossibilités, les refus, la rue vide et la rue qui se peuple, un chant venu de l’église qui fait sens au fil de la marche, avec un autre moment capté. Dans un temps court tout est à prendre, avec distance, sans jugement, mais comme faisant indice, un précipité, un moment dans la vie d’un quartier, porté par une subjectivité d’artiste. Alors le temps court n’est pas un obstacle.
Revenir produirait une autre situation.
Ne pas filmer est un soulagement. Les sons produisent des images et les gens commencent à regretter que je n’en prenne pas. Au fil d’un parcours d’artiste ce qui relève d’une évidence devient à un moment possible… car c’est devenu possible… et pas avant. Pourquoi ? C’est ainsi. Alors je filmerai un peu, autre chose, sans avoir à filmer les gens pour fixer les moments, je marche et je filme la rue vide, mais la peuple de sons. Je ne cherche plus l’événement mais des textures, des lumières, des lieux pour ce qu’ils ont été et non pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils seront et non pour ce que je vois, je déforme, surexpose, sous-expose. L’espace se fait image, les sons captent la fiction, les corps ne sont plus pointés. Les corps filmés viendront, après, autrement. Probablement performés.
Répétitions Catherine Boskowitz …. « Les pieds de Murielle »… Avant de répéter dans la rue .
Sur une composition musicale de Miguel Izaza ( Colombie)
avec Murielle Bedot