
Fort de France 3ème jour
Catherine BOSKOWITZ commence à travailler avec les danseuses Murielle BEDOT et Yaël REUNIF.
Sur le texte de Chamoiseau extrait de « Frères migrants ».
Troisième jour
[J-Christophe Lanquetin]
On nous dit qu’il y a des restes d’implantation indienne dans le quartier, pas loin.
Taino ? D’avant, de quand ? En fait, non. Il s’agit d’indiens d’Inde, venus il y a longtemps. Communauté rejetée au début, mais qui s’est installée ici. Il y a aussi une longue histoire de présence syrienne. C’est intéressant que j’ai pensé aux Tainos, j’aimerais pouvoir travailler avec cet avant là, avant la modernité, l’esclavage.
On est face à cette histoire des migrations qui est l’un des symptômes les plus massifs et violents des temps actuels [Catherine me dit que cela revenait aussi dans les interviews menées à Medellin]. Le ‘paradis perdu’ ici raconté est une fiction, la fiction d’un entre soi, d’un temps [de l’enfance, de la jeunesse] dont on se souvient comme heureux [cela revient de manière insistante]. Ici, dans les récits, revient aussi le fait qu’il y avait des règles et du respect. Mais, comme tout paradis perdu il est probable que ce qu’il était en fait, on l’a en partie reconstruit. A partir d’aujourd’hui nous rencontrons des gens, écoutons leurs histoires. Etonnament [pour le projet], revient aussi ce moment d’avant la ville, des premières maisons dans une étendue vide [la Maison rouge est de celles là]. Le paradis perdu, c’est aussi la campagne, la vie du village, qui semble rester un marqueur fort. Et l’inondation, le fait que le quartier était une mangrove, entourée de rivières qui débordaient. Ainsi, les images de Medellin pourraient devenir celles d’une fiction ordinaire à Fort de France, et vice-versa. Ce ‘paradis perdu’ est le même pour tous, migrants [ici, haïtiens, dominicains] ou locaux [eux mêmes d’anciens migrants, en particulier suite à l’éruption de la montagne pelée en 1902].