8ème jour Fort-de-France

8ème jour Fort-de-France

Catherine Boskowitz
Reçus par une association du quartier de Terres SaintVille… micro tendu et détendu…les histoires se racontent. Nous rions beaucoup.

 

[Jean Christophe Lanquetin]

230517 – Huitième jour… et suivants.
Comme emporté loin des réflexions premières sur le projet. A dire vrai je m’interroge sur ce à quoi je m’attendais en termes d’histoires de la part des gens, quand nous avons – avec Catherine – imaginé ce projet. Car ici la question raciale, les formes du racisme ordinaire, ses strates profondes, envahissent les récits. C’est l’enjeu : depuis hier je suis dans la matière des interviews, je les écoute et les réécoute. Le pari étant de construire des fictions à partir de ce que disent les gens, me voici devant des images à inventer, une manière de raconter, de montrer à trouver, qui lient ce paradis perdu à la question de l’ailleurs, à ceux qui viennent d’ailleurs. A la question des migrations. Catherine dans les performances qu’elle développe avec les danseuses, passe par des textes de Chamoiseau et Galeano. Je suis plus directement face à une matière brute, concrète, dans les mots des gens. Comment décoller alors, avec les images, mais aussi les pièces sonores de Miguel Isaza.

Nous rencontrons les membres d’une association installée vers la place devant l’église et dont l’activité principale est le carnaval [voir photos ci dessus]. L’histoire se complexifie à nouveau. Assez vite, la discussion est amicale, elle court sur le passé, les histoires et anecdotes et à nouveau, cette présence des étrangers, mais aussi le départ des jeunes martiniquais, qui nombreux, quittent l’île pour faire des études en Europe, au Canada. Leur parole, la convivialité aidant, me permet de mener une série de récits à plusieurs voix, sur différents aspects de la vie du quartier, ce qui ouvre de nouvelles pistes.

Dans les jours qui suivent, de mercredi à samedi [jour de la présentation publique], nous avançons sur l’ensemble des pistes développées. Raphael Girouard nous a rejoints dimanche, il mène jeudi après midi un atelier de dessin dans la rue [voir post suivant]. Mais jeudi est férié, peu de monde donc, quelques enfants cependant [les dynamiques du vide et du plein de l’espace urbain dans le quartier sont assez mystérieuses]. A nouveau nous sommes confrontés à cet enjeu du temps. Puis, vendredi, pré-montage, essais dans la rue devant la Maison Rouge. L’équipe technique ne met à disposition que le minimum, pour tester. Nous vérifions donc séquence par séquence. La proposition est composée d’une série de fragments rassemblés autour d’un axe qui va du ‘paradis perdu’ à la question des migrants. Une histoire de monde en mutation. Alternance de moments dansés [propositions textuelles, visuelles et chorégraphiques de Catherine], de moments sonores et vidéos [une étape de mon travail], une projection de rodoïdes [Raphael, qui signe aussi les lumières]. Le tout sur des sons de Miguel Isaza.

Ma recherche d’images à mettre sur les récits enregistrés est difficile. Le temps manque. Jeudi – tentative – je marche pieds nus dans la rue – histoire de liberté toujours – et filme ça. Juste derrière la Maison Rouge, montant des escaliers au pied d’un grand tamarinier qui aurait 500 ans, son propriétaire passe. L’étrangeté de la situation aidant, raconte l’histoire de l’arbre, du terrain, … et fait ma vidéo. Ainsi, quelque chose d’une ‘méthode’ se dessine : créer des situations étranges, performatives, qui déplacent les situations et tensions quotidiennes. Le récit du tamarinier et du terrain autour fera l’objet du post-scriptum de la présentation publique.